LETTRE OUVERTE : LUTUNDULA ET Cie PIÈGENT KABILA

En interpellant Joseph Kabila pour qu’il interfère dans une affaire en cours devant les cours et tribunaux, Lundula et ses cosignataires de la lettre ouverte veulent le piéger pour tirer de son éventuelle intervention une probable preuve de son implication dans les déboires judiciaires de Moïse Katumbi. Faisant d’une pierre deux coups, ils tentent également de remettre en cause l’indépendance de la justice pour asseoir la thèse d’une justice aux ordres.

C’est ce 27 juin 2018 que la Cour Suprême de Justice, faisant office de Cour de cassation, ouvre les audiences sur l’affaire Moïse Katumbi en rapport avec les accusations portées à sa charge pour atteinte à la sûreté intérieure et extérieure du pays par le recrutement des mercenaires. Pour l’occasion, un groupe de Députés et Sénateurs ont saisi, par une lettre ouverte, le Chef de l’Etat, en sa qualité de garant du bon fonctionnement des institutions dont la bonne administration de la justice, pour obtenir le renvoi du dossier au niveau du Tribunal de grande instance de Lubumbashi qu’ils estiment être le juge naturel de Moïse Katumbi.

Les signataires de ladite lettre ouverte se basent, pour ce faire, sur le fait que Katumbi a perdu sa qualité de Gouverneur de province et ne devrait plus jouir du privilège de juridiction.

A travers cette interpellation, Christophe Lutundula, Modeste Mutinga, Christian Mwando, Claudel Lubaya et consorts tentent, en réalité, de piéger le Chef de l’Etat en voulant engager aussi bien sa responsabilité directe dans l’administration de la justice que le prestige de ses fonctions de Président de la République. Bref, une tentative de politisation d’une affaire judiciaire qui n’est plus nouvelle dans la stratégie de Katumbi de se soustraire de la justice. Cette manœuvre transparait dans la démarche des signataires tendant à dépeindre une justice congolaise aux ordres de l’Exécutif pour ainsi asseoir cette thèse de poursuites politiques.

La manœuvre vaut pour le dossier de l’ouverture, par le Procureur Général de la République, d’une information judiciaire à l’encontre de Katumbni pour falsification de son passeport. Mais ici, Lutundula et Cie n’apportent aucune preuve du contraire de cette accusation. Au contraire, ils enfoncent leur champion en voulant mettre en cause la célérité de la justice alors qu’il existe d’autres affaires dont ils estiment qu’elle devrait se saisir. Par ce fait même, les signataires de la lettre ouverte avouent que Katumbi est passible de poursuites judiciaires pour falsification de son passeport, mais estiment que cette infraction est mineure par rapport à d’autres auxquelles la justice devrait se pencher. Dont acte…

Pour revenir au dossier pendant devant la CSJ, l’on ne peut que s’étonner de voir surgir des politiciens dans une affaire judiciaire alors que Katumbi dispose d’un bataillon d’avocats dont le tant vanté Eric-Dupont Moretti. Mais depuis que Katumbi a quitté le pays sous prétexte des soins médicaux à l’étranger, tous ces avocats se sont volatilisés dans la nature autant qu’une juge du Tripaix/Kamalondo à Lubumbashi, des auxiliaires de justice de la même instance ainsi que des pièces majeures de son dossier de spoliation d’un immeuble. A la même période, un incendie s’était déclaré au TGI/Lubumbashi dans le compartiment où était entendu Katumbi dans l’affaire des mercenaires et où étaient censés être gardés les premières pièces du dossier.

 

Le piège contre Kabila

En interpellant Joseph Kabila pour qu’il interfère dans une affaire en cours devant les cours et tribunaux, Lundula et ses cosignataires de la lettre ouverte veulent le piéger pour tirer de son éventuelle intervention une probable preuve de son implication dans les déboires judiciaires de Moïse Katumbi. Faisant d’une pierre deux coups, ils tentent également de remettre en cause l’indépendance de la justice pour asseoir la thèse d’une justice aux ordres.

Lutundula Apala, manifestement initiateur de cette lettre ouverte, est un juriste et, à ce titre, il sait pertinemment bien qu’au stade actuel du dossier de Katumbi, le garant de la Nation ne peut pas intervenir. Et ce ne sont pas les conclusions de l’enquête de la Cenco au Katanga qui y changerait quelque chose, surtout lorsque l’on sait dans quelles conditions s’était déroulée cette enquête. Même l’accord de la St Sylvestre évoquant la décrispation politique ne saurait opérer de miracle dans une affaire en cours comme celle-ci, autant que le dossier judiciaire de Jean-Claude Muyambo qui n’a pas encore connu de verdict.

 

Katumbi est bel et bien justiciable devant la CSJ

Quant à son affaire devant la CSJ, et contrairement aux arguments politiciens des Députés et Sénateurs, Moïse Katumbi est bel et bien justiciable devant la CSJ. Ceci du simple fait que les faits lui reprochés remontent à l’époque où il était Gouverneur de province. Katumbi avait recruté, à l’époque, des personnes présentées au début comme des conseillers agricoles avant qu’ils ne soient reconnus comme d’anciens membres des forces spéciales appartenant à un service de protection commis à sa garde rapprochée. Cette seule dissimulation d’identité des personnes d’un tel profil ne pouvait qu’éveiller des soupçons et justifier des enquêtes.

Tout ce qui reste à Moïse Katumbi c’est de mettre fin à toutes ses manœuvres en se remettant à la disposition de la justice comme il l’avait promis lorsqu’il avait sollicité une autorisation de sortie auprès du PGR. Mais depuis qu’il est parti, l’ancien Gouv’ de l’ex-Katanga, s’est distingué par une campagne de désaveu de son engagement à tel point qu’il est devenu un fugitif.

PDM

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